Thierry BOLO
Patrick BOURRAT
Franck CAMMAS
Pierre-François DEGEORGES
Gérard FUSIL
1999 RAID MAROC

36 sportifs partis de Khénifra pour rejoindre les dunes de Mergouza ont arpenté le haut Atlas, gravi le col Imilchil, franchi le Djebel Sarhro, descendu la vallée du Drâa, traversé le lac Iriki.

Plus de 1000 km en 9 étapes avec les disciplines sportives suivantes: course à pied, VTT, fauteuil d'athlétisme et handbike…

Mort de Patrick Bourrat, grand reporter à TF1

Parti au Koweït pour la chaîne, il a été renversé par un char.

Par Didier FRANCOIS
LIBERATION

lundi 23 décembre 2002

Patrick Bourrat, grand reporter à TF1, est mort hier à l'aube dans un geste chevaleresque, en faisant son métier. Des nuages de guerre s'amassant sur le Golfe, il suivait dans le désert koweïtien les grandes manoeuvres de l'armée américaine prête à frapper en Irak. Artillerie, blindés, hélicoptères s'entraînent à balles réelles dans une débauche de moyens et un épais brouillard de sable.

Accident. Toujours attentif à l'équipe, Patrick remarque un char qui se rapproche dangereusement du cameraman Bernard Garni et du preneur de son Elie Bonnet. Patrick se précipite et se fait renverser par le monstre d'acier lancé à pleine vitesse. Projeté 5 mètres plus loin sur des barbelés, blessé à la rate et aux reins, il devait mourir hier matin à l'hôpital de Koweït.

L'accident n'est pas inédit. Lors de la chute de la dictature roumaine des Ceausescu en 1989, Jean-Louis Calderon s'était fait broyer par les chenilles d'un tank en couvrant les arrières du cameraman Patrick Du Tertre. Patrick Bourrat travaillait, lui aussi, en Roumanie à cette époque.

Né le 20 septembre 1952 à Tunis, il intègre le service étranger de TF1 en 1980, après des études de droit à Bordeaux et un diplôme de sciences politiques. Il va parcourir le monde et ses conflits. En 1982, il prend le bureau de Jérusalem et suit la guerre civile du Liban. La chute du mur de Berlin le ramène sur l'Europe orientale. En 1991, il couvre l'opération Desert Storm. Un groupe de journalistes, qui refuse de se satisfaire d'une information distillée au compte-gouttes par les porte-parole de l'armée américaine, s'enfonce dans le sud irakien, débordant le dispositif militaire occidental. Arrêtés par la garde républicaine de Saddam Hussein, ils sont retenus quelques jours dans une geôle de Bassorah. Patrick Bourrat est du nombre.

Terrible épreuve. Nommé correspondant en Russie, il traverse une terrible épreuve. Il est blessé par balle à l'avant-bras au cours de l'assaut lancé par les forces spéciales russes contre la tour de télévision d'Ostankino, à Moscou, en octobre 1993, lors du conflit qui oppose le président Boris Eltsine à son Parlement. La blessure ne lui laisse qu'une légère raideur à la main, mais son équipier, le cameraman Yvan Skopan, a perdu la vie dans l'incident. Une mort à laquelle Patrick pensera sans cesse lorsqu'il se passionnera pour la Tchétchénie, couvrira le Kosovo puis l'Afghanistan.

Devoir d'informer. Ni son amour de la vie ni sa haute conscience du risque ne pouvaient entraver sa conception du devoir d'informer. «Toujours disponible pour les autres et pour les événements, il faisait à 50 ans son métier comme il le faisait à 30 ans», a fort justement déclaré hier Robert Namias, directeur de l'information sur TF1: «La mort a interrompu son parcours, mais, pour nous, Patrick ne mourra jamais.».